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Adieu tomates, concombres et salades, disent les consommateurs allemands

Sudpresse
/ 2.06.2011

“Je n’achète plus et je ne mange plus aucun de ces légumes, qu’ils proviennent ou non d’Espagne”, lance cette brune de 39 ans. Idem pour Isabella Marchinski, 30 ans. “Mon copain est aide-soignant et m’a interdit de manger tout ça. Il m’a parlé de patients malades et ce n’est pas beau”, dit-elle en achetant du fromage.

Comme nombre d’Allemands, Olia Buda a banni tomates, concombres et salades de sa liste de courses. “Il faut se protéger contre la bactérie qui tue”, assurait mardi cette ménagère sur un marché de Berlin où régnait l’inquiétude. Jusqu’à nouvel ordre, les autorités sanitaires allemandes déconseillent la consommation de certains légumes. Car “nous ne pouvons pas à ce jour nommer une source d’infection claire”, a dit lundi le directeur de l’Institut fédéral d’évaluation des risques, Andreas Hensel.

Du coup, “il y a un soupçon généralisé de la part des consommateurs” et “l’ambiance est catastrophique chez les producteurs”, dit une porte-parole de la Fédération des agriculteurs (DBV), selon qui les ventes s’écroulent: “il y a une perte de chiffre d’affaires de 2 à 3 millions d’euros par jour au bas mot”. La Fédération des producteurs de fruits et légumes (BVEO) évalue même le manque à gagner entre 4 et 5 millions d’euros par jour, en cette période de l’année où l’offre de légumes est la plus abondante.

“Moi je n’ai plus de concombres depuis vendredi, mon grossiste a cessé d’en livrer. Et mes salades et tomates se vendent beaucoup moins bien qu’avant”, confirme une commerçante “bio” sur le marché du Maybach Ufer à Kreuzberg, dans le sud-est de Berlin. “Les clients n’arrêtent pas de poser des questions sur l’origine des légumes”, explique le maraîcher Cabbar Koguk, 40 ans.

Sur le stand voisin, son collègue fait une promotion spéciale pour écouler les concombres et tomates boudés. Si deux tiers des Allemands affirment n’avoir pas peur de la bactérie et un quart juge la panique exagérée... la moitié préfère néanmoins renoncer à consommer certains légumes crus, selon un sondage de l’institut YouGov.

Dans certaines régions, des numéros d’appel ont été mis en place pour informer les consommateurs. A Hambourg, dans le nord de l’Allemagne où est situé le foyer principal de l’épidémie, le standard de la centrale des consommateurs est submergé d’appels.

La bactérie a déjà affecté plus de mille personnes. Rien qu’à Berlin, une vingtaine de malades de l’Eceh sont hospitalisés, dont huit présentant des complications sérieuses (syndrome hémolytique et urémique, SHU), selon les autorités locales. Près de 400 cas de SHU ont été recensés en Allemagne.

Au marché, on rencontre aussi quelques optimistes. Comme Judith Göppinger, une étudiante de 23 ans. “Un gros accident de la route fait plus de victimes que cette bactérie”, relativise-t-elle. Dans son panier, il y a des tomates. Et des concombres.

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