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La Belgique ne taxera pas les graisses saturées

Le Soir - B.P.
/ 29.10.2011
« Tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut en manger moins », explique Nicolas Guggenbühl, diététicien. Et pour diminuer la consommation des graisses saturées, le Danemark est le premier pays du monde à avoir adopté une solution radicale : depuis samedi dernier, les produits alimentaires sont frappés d’une taxe de 16 couronnes (2,15 euros) par kilo de graisses saturées. Cette taxe s’appliquera à tous les produits contenant plus de 2,3 % de graisses saturées. Sont donc visés aussi bien le beurre, le fromage, que la viande, les huiles, mais aussi les plats préparés.
« Est-ce qu’une augmentation du prix va vraiment faire baisser la consommation de ces graisses ?, s’interroge Nicolas Guggenbühl. Je ne suis pas sûr que cela va pousser les gens à changer leurs habitudes d’alimentation, à manger davantage de légumes, de fruits et de céréales complètes, à faire plus de sport, etc. »
Pourrait-on voir ce type de taxe faire son apparition un jour en Belgique ? Si la députée fédérale Marleen Temmerman (SP.A) a dit voir un intérêt dans cette mesure, elle a été rappelée à l’ordre par son président de parti, Bruno Tobback, qui estime qu’« augmenter le prix d’un sachet de chips de quelques centimes d’euros est peut-être intéressant pour la caisse de l’Etat mais ne changera en rien les comportements ».
Côté francophone, Frédérique Ries, députée européenne (MR), pointe la taxe danoise comme une « fausse bonne idée », qui a le mérite d’attirer l’attention sur ces graisses peu bénéfiques pour la santé, mais qui touche de manière indifférenciée « des produits aussi variés que les huiles hydrogénées ou les graisses animales que des produits vantés par ailleurs pour leur effet bénéfique sur la santé comme le chocolat noir ou les noix et graines ». Colette Burgeon, députée fédérale (PS), prône une approche préventive, incluant l’encouragement de la pratique du sport et une politique éducative. Les deux femmes se rejoignent sur l’idée de favoriser la consommation des aliments sains, par exemple « en baissant la TVA sur les fruits et légumes », propose Frédérique Ries.
Quant à la Fédération belge de l’industrie alimentaire (Fevia), elle s’oppose à ce type de taxe, même si elle assure ne pas « fuir ses responsabilités », rappelant par exemple qu’elle s’est engagée à réduire la teneur en sel de ses produits de 10 % d’ici 2012. Des engagements auxquels Jean-Philippe Ducart, porte-parole de Test-Achats, « ne croit pas trop ». Quant à la taxe, Test-Achats constate qu’elle « se répercute toujours sur le consommateur ».