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La viande: en manger quatre fois par mois serait mieux

Le Soir - F.S.
/ 27.05.2011

Même s’ils disent en manger moins, les Belges consomment chaque jour 250 grammes de viande (ovine, porcine et volaille), soit 100 grammes de plus qu’il y a 50 ans. « C’est clairement au moins deux fois trop.

Les doses recommandées avoisinent plutôt les 120 grammes par jour, toutes viandes confondues. Environ 500 g de viande cuite, soit 700 g de viande crue par semaine. C’est amplement suffisant pour apporter les nutriments utiles à l’organisme », explique le professeur André Van Gossum, gastro-entérologue à l’hôpital universitaire Erasme (ULB) et président de la Société belge de nutrition clinique.

« On y arrive vite, avec une tranche de jambon le midi et le repas du soir. Un des moyens simples de trouver le bon équilibre est d’y consacrer le quart de l’assiette, le reste étant occupés par les légumes et les hydrates de carbone, comme le riz et les pommes de terre ». Problème : quand la nourriture est préparée, comme au resto, les portions sont généralement plus élevées. « Dans les grills américains, une portion de 500 g n’est pas rare !

En fait, une des manières les plus simples d’équilibrer son alimentation serait de manger de la viande quatre à cinq fois par mois, c’est-à-dire à peu près l’inverse de ce qu’on fait aujourd’hui ». Qu’apporte la viande à l’organisme de l’omnivore qu’est l’homme depuis quelques millénaires ? « Essentiellement des protéines et des acides aminés essentiels, exactement 8 sur les 21 existants.

“Essentiels” veut dire qu’on doit les trouver par l’alimentation, que le corps ne peut les synthétiser lui-même. On y trouve aussi du fer, indispensable pour fixer l’oxygène dans l’organisme et des vitamines B, surtout de la B12. Manger davantage de viande et recevoir davantage de ces nutriments qui nous sont nécessaires n’est pas mauvais en soi pour la santé. Mais le fer intervient dans la peroxydation des lipides et la formation de radicaux libres. Cela a un effet

carcinogène prouvé. C’est un mécanisme normal. C’est un risque normal à assumer face aux bienfaits apportés. Mais si on mange deux fois plus de viande, on double le risque sans aucun bénéfice pour l’organisme ». La consommation de viande a donc des effets directs sur l’augmentation du risque de cancer, surtout du colon, qu’il augmente de 30 %.

« Mais la viande contient aussi des graisses saturées et du cholestérol. La volaille en contient moins que le bœuf ou le porc. La viande est donc un facteur de risque pour les maladies cardiovasculaires ou le diabète acquis. Et je ne parle même pas de la cuisson par barbecue, qui peut dégager des hydrocarbures aromatiques carcinogènes ».

Quelle est l’augmentation du risque si on mange deux ou trois fois la quantité recommandée ? « Une question sans réponse, car cela dépend de ce que vous mangez par ailleurs. Si vous mangez beaucoup de fibres, vous allez diminuer le risque. Le calcium et l’acide folique sont aussi protecteurs. Certaines recherches mettent en évidence le rôle – controversé – des phénols contenus dans le vin rouge. Si on abuse de viande, le risque est certain, mais il est impossible de graduer ce risque précisément. Cela a l’air banal, mais le mieux est encore de se tourner vers une alimentation équilibrée et diversifiée ».

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