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Méli-melons !

Le Soir / Zap - M.B.
/ 8.09.2011

Vert ou jaune, il accompagne l’été et ensoleille nos assiettes. Le melon connaît lui aussi une forte concurrence. Haute saison pour le melon, avec l’été, il est revenu en force sur nos étals.

“Coûte que coûte” a donc pris la route du Midi pour comprendre les arcanes de ce marché de plus en plus tendu. Concurrence de nouveaux producteurs hexagonaux ou maghrébins, baisse des cours, arrivée de nouvelles variétés, le melon enregistre beaucoup de changements.

En plein mois de juin à Cavaillon dans le Vaucluse. Jean-Jacques Prévôtt, un restaurateur réputé de la région, rejoint son grossiste pour y choisir ses melons. Il en a fait la spécialité de sa carte, jusque fin octobre. Avant de parler gros sous, il donne quelques conseils pour bien le choisir : le sentir, une peau bien lisse et sans tache, des nervures bleues/vertes bien découpées et enfin exercer une légère pression pour vérifier qu’il est bien ferme. Le chef sort un petit couteau, découpe le melon de son choix. Verdict : « Il est brillant, ce qui laisse penser qu’il est bien sucré. »

Le melon, il l’accommode à sa guise. Menu type : fricassée de seiches au melon, anisette au melon, melon cocotte au homard et enfin, le must, melon chaud au foie gras servi en hamburger ! Le chef provençal sert 20 kilos de melon par semaine, sous toutes les formes et pour tous les palais.

À Agadir, on produit moins cher

Connu depuis 500 ans, ce légume de la famille du concombre est arrivé d’Afrique, via l’Italie à la Renaissance. On en mange 9 kilos par an, deux fois plus qu’il y a 20 ans. Mais il a melon et melon. Sébastien Lagarde est melonnier. Ce petit producteur, attaché aux méthodes traditionnelles, sort du beau melon charentais jaune et bien sucré. Problème, les prix s’effondrent à 80 centimes le kilo alors qu’il faudrait 1,50 euro pour subsister. Pas de quoi le payer de ses efforts, à concurrence de 10 heures de travail par jour. « Mon activité dégage un revenu d’appoint. Heureusement que ma femme est fonctionnaire », déplore ce jeune agriculteur.

Tout autre est la situation en Poitou-Charentes, plus à l’ouest. Là, deux géants se disputent le marché, “Soldive” et “Le Rouge Gorge”. Ce dernier sort 35.000 tonnes par an avec ses 140 permanents et ses 3.500 saisonniers. Fondée il y a 40 ans, cette dernière société exploite 2.000ha sur trois départements. Propriété de la famille Couteleau, “Le Rouge Gorge” a fait passer le melon à l’ère de « l’agriculture mécanisée en améliorant constamment les rendements ».

Site internet, statistiques et observations météo permettant de prévoir les pics de consommation, cueillette au jour près, l’entreprise s’étend au Maroc, en Espagne (près de Malaga), dans le sud de la France et en Poitou-Charentes pour ne jamais interrompre l’approvisionnement de mai à septembre. Problème malgré sa taille : à Rungis, les grossistes poussent les prix vers le bas, offrant à peine la moitié de ce qu’il faudrait pour rentabiliser. Car la concurrence s’aiguise. Elle monte du Maroc où la main-d’œuvre coûte… le prix d’un melon sur nos marchés : 50 dirhams par jour – 4,50 euros en liquide, sans charges sociales – pour huit heures de travail au champ.

Patrons français et marocains se partagent ce marché du melon charentais vert, long life (car il mûrit plus doucement et se conserve mieux). Ils concentrent la production autour d’Agadir, la région maraîchère du royaume chérifien. Avantage : ce melon coûte 30 % moins cher. De l’avis des amateurs, son goût rivaliser avec son cousin européen. Au total, précise-t-on dans le sujet, « un melon sur trois est produit hors de France, contre un sur quatre il y a dix ans ». Les consommateurs ne perçoivent pas la différence.

Même arôme, même texture… même si le melon de Cavaillon, celui que chantait Gilbert Bécaud, garde sa réputation. Pour les géants du secteur, l’heure est à la riposte. Déjà, on se diversifie avec des melons prêts à la dégustation (sans attendre !), ou découpés et servis en mini-barquettes dans les snacks-santé et la restauration d’entreprise. Un marché porteur qui croît sans cesse et représente déjà 1 % du chiffre d’affaires.

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